Le CO Berre XV met à l’honneur Samir, arbitre licencié au club, qui partage son parcours et sa passion pour l’arbitrage. De ses débuts sur le terrain en tant que joueur à son engagement en tant qu’officiel, il revient sur son aventure, ses défis et les valeurs qui l’animent au service du rugby.

Peux-tu te présenter et nous expliquer comment tu es devenu arbitre ?

Berrois de naissance et issu d’une famille de footballeurs, j’ai commencé le rugby tardivement, à 17 ans, en catégorie junior. Cependant, je regardais tous les matchs de rugby télévisés depuis au moins trois ou quatre ans auparavant. Je n’ai connu qu’un seul club depuis ma première licence, d’abord en tant que joueur, puis, depuis 2009, en tant qu’arbitre.
Mais cette idée de devenir arbitre me trottait dans la tête bien avant. Extrêmement passionné par le rugby, j’ai toujours essayé d’analyser un match, que ce soit depuis les tribunes ou devant ma télévision : comprendre le jeu, les choix des joueurs, les règles, la gestuelle et la communication de l’arbitre.
Puis, en discutant de notre passion commune avec un collègue de travail, j’ai appris que son père avait été arbitre et impliqué dans le management des arbitres régionaux. J’ai alors pu recueillir toutes les informations nécessaires et enfin me lancer dans cette formidable aventure corporatiste, sportive et humaine.

Quels sont les plus grands défis que tu rencontres sur le terrain en tant qu’arbitre ?

Mon plus grand défi en tant qu’officiel de match est d’apporter ma contribution à la préservation des valeurs de notre sport et de les faire perdurer : respect, solidarité et éducation des prochaines générations, tout en nourrissant ma passion pour la gestion du jeu.
Mais pour que cette passion reste intacte, il est essentiel de garder à l’esprit que chaque action, chaque phase, chaque match possède sa propre vérité. Il faut sans cesse se remettre en question, ne rien considérer comme acquis et maintenir un rythme de travail, d’analyse et de préparation à la hauteur des exigences de cette fonction.

Comment te prépares-tu avant un match pour être au meilleur niveau ?

La préparation d’un match commence dès la fin du précédent, en recensant les points positifs, les axes d’amélioration et les éventuelles corrections à apporter à ma prestation.
Cela peut se faire de plusieurs manières : par ma propre analyse (avec ou sans support vidéo), par les retours des collègues arbitres qui officient avec moi ou observent la rencontre, par l’avis des représentants fédéraux, des superviseurs et coachs, ainsi que par des échanges constructifs avec les staffs et les joueurs.
La préparation se poursuit par un entraînement physique régulier en semaine, afin d’être capable de se déplacer rapidement et efficacement sur le terrain, et ainsi prendre les décisions les plus précises possibles. Ensuite, je prépare le matériel, je prends connaissance des spécificités de la catégorie du match à venir et je me fixe des objectifs en fonction des prestations et analyses précédentes, dans le but d’être performant et de progresser.

As-tu une anecdote marquante d’un match que tu as arbitré ?

Je reçois une désignation et, en ouvrant le mail, je vois inscrit : RC Toulonnais vs Stade Toulousain. Je commence à trembler et mon regard se dirige immédiatement vers la date du match : 18 février 2023. À cet instant, je réalise que je serai au stade Vélodrome en tant que 5e arbitre.
Je bondis, je crie, submergé par l’émotion, excité comme un enfant ouvrant le cadeau qu’il avait commandé au Père Noël !

Et puisqu’il faut parfois savoir ne pas se prendre au sérieux et faire preuve d’autodérision… avant un match, je ressors une paire de crampons que j’utilisais en tant que joueur. Ils sont quasi neufs, restés dans un sac depuis dix ans peut-être.
Le match commence sous des conditions humides, le terrain est gorgé d’eau… et au bout d’une dizaine de minutes, mon crampon s’ouvre à l’avant ! Je fais appel à la bienveillance d’une des deux équipes qui me prête du strap, et je rafistole l’avant du crampon… puis c’est l’arrière qui se décolle aussi. Même scénario avec l’autre crampon.
C’est là que les valeurs du rugby prennent tout leur sens : entre bienveillance des personnes présentes sur le banc de touche pour m’aider et chambrage en bonne et due forme des spectateurs !
À la mi-temps, arrêt au stand pour mettre les « pneus de rechange », heureusement !

Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui veut se lancer dans l’arbitrage ?

Comme un joueur qui est attiré par le rugby, le jeu et les valeurs qu’il véhicule, un jeune doit venir à l’arbitrage pour les mêmes raisons : l’envie et la passion de gérer le jeu.
Il doit se rapprocher des arbitres de son club, qui pourront l’orienter, et rencontrer des personnes bienveillantes qui le guideront, le formeront et l’aideront à appréhender plus aisément les exigences de notre activité.
Avec l’expérience qui grandit au fil des matchs, il pourra s’épanouir pleinement dans ce rôle.